Le ministre des Finances du Québec aurait sans doute préféré écrire son septième budget dans un contexte plus favorable. Mais il lui a fallu se rendre à l’évidence : de forts vents contraires pourraient souffler sur l’économie québécoise, alimentés par les politiques de la nouvelle administration américaine. Résultat : un déficit budgétaire qui atteindra un niveau record de 13,6 milliards de dollars, en raison d’une baisse des revenus fiscaux et des mesures de soutien économique que le gouvernement prévoit déployer. Néanmoins, l’objectif d’un retour à l’équilibre budgétaire est maintenu pour 2029-2030.
Au-delà de cette nouvelle réalité pour les finances publiques, qu’en est-il de nos finances personnelles? Voici 10 éléments à retenir.
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Pas de hausses d’impôt, sauf que…
Du côté des contribuables particuliers, le ministre ne prévoit pas d’augmentation d’impôts, de modifications aux paliers d’imposition ou de hausse généralisée de la taxe de vente (TVQ). Cependant, il annonce toute une série de mesures fiscales plus ciblées, dont plusieurs entreront en vigueur le 1er janvier 2027 seulement.
Voici les principales.
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Une taxe de vente rehaussée pour les produits d’assurance
La taxe de vente sur les primes d’assurance, qui était jusqu’ici de 9 %, sera désormais alignée sur la TVQ : elle passera à 9,975 %. On estime que pour un ménage qui dépenserait 4 000 $ par année en assurances, par exemple, cela représentera un coût additionnel de 39 $. En revanche, pour le gouvernement, cette mesure devrait produire des revenus de 996 millions d’ici 2030. Elle entrera en vigueur en janvier 2027. Par ailleurs, les exemptions de taxe en vigueur, dont celle sur les primes d’assurance individuelles de personnes et celle sur les primes d’assurance de certains régimes obligatoires, continueront de s’appliquer. -
Une nouvelle contribution pour les véhicules électriques
Vous êtes propriétaire d’une voiture électrique ou hybride rechargeable? À partir de janvier 2027, vous perdrez un avantage que vous aviez sur les propriétaires de véhicules à carburant, qui sont soumis à une taxe spécifique alors que vous ne l’êtes pas. Désormais, vous devrez payer vous aussi une contribution annuelle, qui sera de 125 $ pour une voiture électrique et de 62,50 $ pour un véhicule hybride rechargeable. Cette mesure vise à instaurer une équité entre les automobilistes, tout en compensant une baisse appréhendée des revenus du gouvernement provenant de la taxe sur le carburant. Il faut souligner également que le gouvernement mettra fin à la gratuité d’accès aux ponts à péage et aux traversiers pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables, à compter du 31 mars 2027. -
Votre automobile n’est peut-être plus une voiture de luxe
Un autre changement intéressera les propriétaires d’automobiles. Depuis 1998, un droit d’immatriculation additionnel s’applique aux véhicules de luxe dans le but de financer le coût des réseaux de transport. Est considéré « de luxe » tout véhicule de 3 000 kg et moins, dont l’année de production remonte à sept ans ou moins et dont la valeur est de plus de 40 000 $. Le 1er janvier 2027, ce seuil passera à 62 500 $, de façon à refléter l’augmentation importante du prix des automobiles ces dernières années. À titre d’exemple, ce changement représentera une économie de 225 $ pour le propriétaire d’un véhicule de 70 000 $, alors que le propriétaire d’un véhicule de moins de 62 500 $ n’aura plus aucun droit d’immatriculation additionnel à payer. À noter que les véhicules électriques, qui étaient jusqu’ici exemptés, seront désormais, eux aussi, assujettis à ce droit si leur valeur excède 62 500 $. -
Certains frais médicaux ne seront plus déductibles
Vous avez l’habitude de demander le crédit d’impôt pour soins médicaux sur votre déclaration de revenus chaque année? Sachez que le gouvernement souhaite mieux encadrer les frais qui donnent droit à cette aide fiscale. Dès 2026, seuls les frais médicaux provenant de services de santé offerts par des praticiens ayant un ordre professionnel au Québec seront admissibles. Seront donc exclus les frais médicaux provenant de services de médecines douces, tels que ceux offerts par les homéopathes, les ostéopathes, les naturopathes et les phytothérapeutes. -
Une nouvelle limite d’âge pour les frais de garde d’enfants
Peut-être faites-vous partie des familles qui bénéficient du crédit d’impôt remboursable pour les frais de garde de leurs enfants (celui-ci excluant les services de garde à contribution réduite). Pour que vous y soyez admissible, votre enfant doit être âgé de moins de 16 ans au cours de l’année. Dès 2026, cet âge sera ramené à 14 ans. Cependant, rien ne change pour les enfants ayant une déficience grave et prolongée des fonctions mentales ou physiques, puisque dans ce cas, aucune limite d’âge ne s’applique. -
Fin du bouclier fiscal
Vous connaissiez cette mesure appelée « bouclier fiscal »? Non? Vous n’êtes apparemment pas un cas isolé, puisque le gouvernement abolit cette mesure qu’il juge mal comprise et sous-utilisée par les contribuables québécois. Instaurée en 2015, celle-ci visait à dédommager les contribuables qui perdaient certains avantages fiscaux, comme des crédits d’impôt pour la garde d’enfants, lorsque leurs revenus augmentaient. Elle sera abolie au cours de l’exercice 2026-2027. Le gouvernement estime que cela lui permettra d’économiser quelque 148 millions sur cinq ans. -
Les dons aux partis politiques ne seront plus déductibles
À l’instar du bouclier fiscal, le crédit d’impôt pour des dons à des partis politiques fait partie des mesures que le gouvernement estime inefficaces et sous-utilisées. Il sera donc aboli à compter du 1er janvier 2026. Rappelons que ce crédit d’impôt, qui pouvait s’élever à 155 $, ne s’appliquait qu’aux partis municipaux. -
Fin du crédit d’impôt pour le mécénat culturel
Les grands donateurs dans le domaine culturel noteront que le crédit d’impôt pour don de mécénat culturel, mis en place en 2013, sera lui aussi aboli. La mesure avait pour but de reconnaître l’importance du rôle de mécène que jouent certains particuliers dans le financement des organismes culturels. Compte tenu de sa complexité et de sa faible utilisation, le ministre a décidé de mettre fin à ce crédit à compter du 26 mars 2025. Toutefois, les mécènes qui ont déjà une entente relative aux dons continueront à profiter du crédit d’impôt pour la période restante. En outre, les autres grands donateurs pourront bénéficier du crédit d’impôt additionnel de 25 % à l’égard d’un premier don important en culture et du crédit d’impôt pour dons pouvant atteindre 25,75 %. -
Plus de 2,6 milliards pour les entreprises
Enfin, si vous possédez ou dirigez une entreprise, vous voudrez assurément prendre connaissance des mesures destinées au monde des affaires. Afin de mieux soutenir les entreprises face à leurs défis présents et futurs, le ministre Girard a annoncé le remplacement de huit mesures fiscales existantes par un nouveau crédit d’impôt pour la recherche, l’innovation et la commercialisation, le CRIC. Doté d’une enveloppe de 2,41 milliards, ce programme vise à favoriser le développement d’innovations et de propriétés intellectuelles. Il couvrira la recherche fondamentale et appliquée, le développement expérimental et la phase de précommercialisation. À noter que le gouvernement a aussi confirmé son intention d’harmoniser son régime fiscal avec celui du gouvernement fédéral, relativement aux mesures d’amortissement accéléré. Au total, le ministre estime que les mesures destinées aux entreprises permettront d’offrir à ces dernières un soutien financier additionnel de plus de 2,6 milliards de dollars sur cinq ans.
Comme on peut le voir, ce budget 2025-2026 comporte un grand nombre de changements ciblés qui, s’ils ne comportent pas de hausses d’impôt et de nouvelles taxes, éliminent, en revanche, certains avantages fiscaux existants destinés aux particuliers. De leur côté, les entrepreneurs voudront étudier en détail les nouvelles mesures destinées à soutenir l’innovation et le développement des marchés.
Il ne s’agit évidemment que d’un survol. Pour en apprendre davantage, consultez la documentation complète publiée par le ministère des Finances, que vous trouverez ici. , Ce lien vous redirigera vers un site externe.
N’hésitez pas non plus à consulter votre conseiller, qui peut vous aider à évaluer l’effet de ces différentes mesures sur votre propre situation, et vous éclairer sur toute autre question d’ordre financier.
Les sources suivantes ont été utilisées dans la rédaction de cet article.
Conseiller.ca, « Budget : le déficit comptable monte à 11,4 G$ , Ce lien vous redirigera vers un site externe.».
Finances et investissement, « Budget provincial 2025 , Ce lien vous redirigera vers un site externe.».
La Presse, « Budget du Québec 2025 : ce qui bouge dans votre portefeuille , Ce lien vous redirigera vers un site externe.».
Le Devoir, « Le budget du Québec en un coup d’œil , Ce lien vous redirigera vers un site externe.».
Les affaires, « Budget Québec 2025 , Ce lien vous redirigera vers un site externe. ».
Ministère des Finances du Québec, « Budget 2025-2026 , Ce lien vous redirigera vers un site externe. ».
Radio-Canada, « Budget du Québec 2025 , Ce lien vous redirigera vers un site externe.».